Statistiques des non-conformités en transport des marchandises dangereuses
Statistiques du NCB (Étude de 2019).
Une étude récente met à jour un problème sécuritaire inquiétant pour le transport de marchandises dangereuses chargées dans les conteneurs maritimes. 1
Le NCB (National Cargo Bureau) est un cabinet d’expertise indépendant américain qui inspecte en moyenne 31 000 conteneurs en import vers les États Unis par an.
Après un départ de feu ayant coûté tragiquement la vie à 5 marins à bord du MAERSK HONAM en 2019, le National Cargo Bureau entreprit l’inspection de conteneurs pour le compte du CINS (Cargo incident Notification System).
L’inspection portait sur les conteneurs contenant des matières dangereuses à l’importation et à l’exportation pour 4 compagnies maritimes reconnues ayant accepté de se prêter à cette initiation (MAERSK, HAMBURG SÛD, HAPAG LLOYD et CMA CGM).
Sur 500 conteneurs inspectés en 2019, 55% ont été identifiés avec une ou plusieurs non conformités.
Pour les conteneurs à l’import :
- 44% des conteneurs furent identifiés avec un problème d’arrimage.
- 39% de placardages / marquages incorrects.
- 8% de déclarations incorrectes.
Pour les conteneurs à l’export :
- 25% de problèmes d’arrimage.
- 15% de placardages / marquages incorrects.
- 5% de déclarations incorrectes.
Les inspections ont été présentées à l’OMI suggérant un problème significatif en matière de transport des marchandises dangereuses.
Il est inquiétant de constater que depuis le 3 janvier 2019 et le 9 août 2019, 8 départs de feu se sont produits à bord de navires porte-conteneurs et rouliers. 2
Ces chiffres nous révèlent un risque sécuritaire non négligeable ainsi qu’une carence généralisée dans l’application des règlementations internationales et nationales.
1Publication dans « freightwaves.com » et lien sur le site internent du NCB.
2Publication dans le « container insight weekly ».
Pour les conteneurs à l’import, 44% des conteneurs furent identifiés avec un problème d’arrimage.
Statistiques de l’OMI de 1996 à 2016
Les statistiques collectées par l’OMI (Organisation Maritime Internationale) reflètent également des problèmes récurrents en matière de non-conformités du transport de marchandises dangereuses dans les conteneurs.
En moyenne (sur 20 ans),
- 38% des conteneurs ont été constatés avec un problème de marquage et / ou de placardage.
- 21% des conteneurs ont été constatés avec un problème d’arrimage / d’assujétissement.
- 10% des conteneurs ont été constatés avec un problème d’étiquetage des colis.
- 14% des conteneurs ont été constatés avec un problème de documentation.
Dans la majorité des cas, ces problèmes auraient pu être évités dès l’empotage des conteneurs. Le rôle de l’empoteur revêt une importance capitale et pourtant ces points de vigilance sont souvent relégués au second plan par méconnaissance des responsabilités pesant sur l’entreprise et des risques liées à ces opérations.
L’empoteur doit pourtant vérifier le bon placardage / marquage des conteneurs et doit s’engager à ne charger que des colis correctement étiquetés et marqués (chapitre 5.4.2 du code IMDG).
De même, l’empoteur s’engage sur l’état des colis propres à charger, sur l’état de l’engin de transport, sur la séparation des marchandises et sur les conditions de chargement et d’arrimage (5.4.2) en signant le certificat d’empotage.
Nous ne rappellerons jamais assez qu’il a un rôle clé à jouer dans ces opérations et que sa prestation ne devrait jamais être sous-estimée au regard de son implication dans la sécurité de tous les acteurs du transport.
Cas réel (audit auprès d’empoteurs / groupeurs) :
Nous insistons sur le fait que la prestation de l’empoteur devrait être valorisée et cela s’applique également aux clients de l’empoteur qui en appliquant parfois une politique tarifaire inflexible peuvent faire pression sur les moyens mis en œuvre par leurs clients.
C’est ce que nous avons observé auprès de nombreuses entreprises effectuant des opérations d’empotage pour lesquelles l’utilisation de moyens d’arrimage étaient régulièrement remise en cause par le donneur d’ordre au motif que le coût était trop lourd à supporter.
Pourtant, la sécurité et la vie d’autrui ne devraient jamais être une affaire de coût. De plus, dans ces cas d’audit, nous parlons de moyens d’arrimage qui s’avèrent être des palettes en bois ou des coussins de calage. Ces pratiques poussant à limiter l’utilisation de moyens de sécurisation quand les problèmes d’arrimage représentent un problème majeur dans le nombre de conteneurs chargés à bord des navires, nous montrent une fois de plus l’absence de connaissance des risques et des obligations pesant sur chaque partie.
Si toutefois, les donneurs d’ordre des empoteurs ont une connaissance des ses risques et continuent à faire pression pour limiter l’utilisation de moyens d’arrimage, alors il est question selon nous de mauvaise foi et d’attitudes morales douteuses…