Comment réduire le coût de l’arrimage ?

Comment réduire les coûts d’arrimage ?

Réduire ses coûts en conservant ou en augmentant la performance de l’arrimage, est-ce possible ? 

Nous entendons souvent que les moyens d’arrimage coûtent trop cher. Cette croyance pousse les sociétés à peu investir dans les moyens d’arrimage et dans la formation.  Or, le manque d’intérêts portant sur les bonnes pratiques d’arrimage prive également les sociétés de connaissances leur permettant de réduire les coûts au minimum par une utilisation conforme des moyens d’arrimage.

 

Enfin, nous pensons que la sécurité des intervenants ne devrait jamais être dépendante d’une contrainte économique…

Sur quels aspects techniques, une entreprise pourrait-elle réduire ses coûts ? 

Augmenter le facteur de frottement.

 

Dans l’éventualité de l’utilisation d’un arrimage par le dessus (autrement appelé arrimage par frottement), le facteur de frottement est déterminant. Cette méthode d’arrimage sera principalement utilisée lors d’un transport routier. Elle vise à augmenter le frottement entre la surface de chargement et la charge. 

 

La performance de cette technique repose sur plusieurs facteurs :

 

– La force de tension des sangles

– L’angle d’arrimage. 

– Le facteur de frottement.

-La bonne répartition de la tension (coins de glisse). 

 

Nous allons nous arrêter sur le facteur de frottement car sa modification permet de réduire drastiquement le nombre de sangles à utiliser.

 

D’autres facteurs entrent également en ligne de compte comme le blocage ou non de la charge contre les entourages de l’engin de transport. Pour nos exemples, nous allons considérer que la charge n’est pas bloquée afin d’apprécier les différences en influençant le facteur de frottement. 

 

Première exemple : 

 

Nous prenons le cas d’une caisse en bois de 10 000 kgs chargée sur une remorque à plateau (support bois sur bois). La charge n’est pas bloquée contre le tablier avant. 

 

Les sangles utilisées sont munies de tendeurs à poignée longue (STF de 580 daN). Les angles verticaux d’arrimage sont de 80°.

 

Dans cette configuration, 18 sangles sont requises pour arrimer la charge en conformité avec la norme NF EN 12195-1.

 

Deuxième exemple :

 

Nous prenons les paramètres ci-dessus en modifiant le facteur de frottement avec l’ajout d’un tapis antiglisse crédité avec un facteur de frottement de 0,6.

 

Dans cette configuration, seulement 4 sangles sont requises pour arrimer la charge en conformité avec la norme NF EN 12195-1.

 

Commentaires :

Nous observons bien dans les exemples ci-dessus que le facteur de frottement a une incidence significative sur le nombre de sangles en réduisant par plus de 4 le nombre d’équipements requis. 

a)    Utiliser la bonne technique de sanglage : recourir à un arrimage direct quand cela est nécessaire. 

La technique de sanglage est également extrêmement importante puisqu’elle va directement impacter le nombre de sangles. 

 

Ne pas connaître la différence fondamentale entre un arrimage par frottement et un arrimage direct posera des problèmes de taille avec le risque de réaliser des arrimages insuffisants pouvant causer des dommages. 

 

Une sangle placée en boucle de tête pourra offrir une force de retenue de 4 000 daN et plus selon le type de sangle (bien plus qu’une sangle utilisée pour un arrimage par frottement).  

 

« Ne pas connaître la différence fondamentale entre un arrimage par frottement et un arrimage direct posera des problèmes de taille avec le risque de réaliser des arrimages insuffisants » 

Utiliser convenablement les entourages résistants des engins de transport. 

Une autre erreur souvent constatée est de ne pas utiliser correctement la capacité de blocage des parois des engins de transport. Nous prendrons plusieurs exemples pour expliquer notre propos.

 Chargement mixte dans un conteneur :

 Dans ce cas de figure, nous prenons un chargement de 10 000 Kg constitué de charges de différentes dimensions. Le plan de chargement n’ayant pas été étudié en amont, l’empoteur réalise un chargement avec des espaces vacants aux portes. Il positionne des barres transversales entre les cannelures solides du conteneur pour sécuriser les charges ou un bastaing (10cm x 5cm) pouvant offrir une force de retenue de 750 daN (éléments souvent constatés). Il en faudrait plusieurs pour que la charge soit correctement sécurisée.

 

Solution :

 

 Revoir le plan de chargement afin d’occuper tout l’espace au sol et surtout utiliser les portes afin de retenir les charges. La capacité de blocage de la paroi avant et des portes d’un conteneur correspond à 40% de la charge utile. Cela signifie qu’un conteneur ayant une charge utile de 28 000 kg aura une capacité de blocage (portes ou paroi avant) de 11 200 daN. 

 C’est bien supérieur à la résistance de cales en bois cloué ou à des barres transversales reprises dans les cannelures des parois des conteneurs. Il est également possible de remplir les espaces vides avec des coussins de calage ou des palettes vides.

Encore un fois, la bonne compréhension des techniques d’arrimage permet d’anticiper le chargement et d’utiliser des moyens adaptés en prévoyant le nombre minimum de dispositifs d’arrimage. 

    Bonne connaissance des points d’arrimage sur les semi-remorques.

Un autre facteur de réduction des coûts est la bonne utilisation des points d’arrimage sur les semi-remorques. Cela est très vrai pour des chargements de colis lourds ou de charges concentrées nécessitant un arrimage direct avec des sangles ou des chaînes. 

 La norme EN 1260 nous indique que la force de traction admissible (limite de charge) des points d’arrimage dépend de la masse brute du véhicule. Pour les véhicules dont la masse brute est supérieure à 12 000 kg, la force de traction admissible des points d’arrimage doit être d’au moins 2 000 daN. Qu’est-ce que cela signifie par rapport à l’utilisation des dispositifs d’arrimage pour un tel véhicule ? 

 Cela veut dire qu’il n’est nullement nécessaire de disposer de chaînes d’amarrage de 6 000 daN ou d’autres dispositifs dont la force de retenue est supérieure à 2 000 daN. En effet, nous avons très souvent constaté que la méconnaissance de la résistance des points d’arrimage sur les porteurs résultait en un choix inadapté des moyens d’arrimage ayant une force de retenue trop importante et qui ne sera pas entièrement utilisée.

 La résistance d’un dispositif d’arrimage complet (Exemple : point d’arrimage sur l’engin, sangle, point d’arrimage sur la cargaison) sera limitée à l’élément le plus faible. 

Il est donc possible de réduire les coûts par un dimensionnant correct de la résistance des moyens d’arrimage en lien avec la charge à arrimer et en veillant à respecter les capacités des engins de transport. Cette erreur est très fréquente.


La liste des exemples précités n’est pas exhaustive. Il existe de nombreuses subtilités en fonction des charges à arrimer. Notre propos est de sensibiliser les préposés au chargement, les transporteurs et toutes les sociétés impliquées dans la mise en place d’un arrimage. Lors de nos audits, nous nous appliquons à recommander les pratiques les mieux adaptées en veillant à la maîtrise des coûts pour les entreprises bénéficiaires.